Storia







Doyen du football insulaire le Sporting fête ses 104 ans. Qu’il est loin le temps où les premiers joueurs du  » Squeubeu  » étaient parfois obligés de dribbler un réverbère de la Place Saint Nicolas pour intéresser les curieux qui regardaient et ne comprenaient pas toujours où voulaient en venir ces jeunes, porteurs de flottants tombant au-dessous du genou, qui s’époumonaient à courir après un ballon dont la rotondité était plus qu’approximative.

C’était en 1905 ! Et ces pionniers habillés de bleu et blanc, aux couleurs de la ville et de la Vierge Marie, ne pouvaient pas savoir qu’ils avaient donné le premier élan à un divertissement qui devait déchaîner les passions dans l’île. De même qu’ils ne se doutaient pas que leurs couleurs allaient flotter à l’échelon régional (Sud-Est), national et international, toujours agitées par un souffle de vie qui puisait ses racines dans la chaleur humaine et l’enthousiasme et qui transcendait les styles de jeu dans sa recherche insistante de la victoire, de l’exploit.

Les naissances postérieures et successives d’autres clubs: 1’AGA, l’USC, l’Etoile, le CAB, le FCA, l’OA, le FGB et de ceux qui n’ ont pas tenu la distance, nécessitèrent des structureset des compétitions régulières.
Ainsi virent le jour la Ligue Corse de Football, le championnat et la Coupe de France.

A Bastia il fallait des stades et l’intérêt se déplaça de la Place Saint Nicolas au stade olympique (la Place d’Armes), puis à Miomo, à l’Arinella, mais surtout à Furiani, où le stade du docteur Luciani, devenu ensuite stade Armand Cesari, était construit au début des années 30.

Au plan des résultats le Sporting se taillait la part du lion en multipliant les victoires aussi bien en championnat qu’en coupe jusqu’à la fin des années 50. Un joueur, un personnage, a symbolisé pendant cette longue période l’esprit gagneur de cette équipe. Il s’agit du footballeur-athlète François Natali. Pourtant cette gloire devenait un peu fade aux yeux d’un Président, Victor Lorenzi, qui décidait que le club, après plus de 50 ans, n’en finissait plus de prendre son élan et que le moment était venu de passer au stade supérieur, en brisant le corset de l’insularité pour aller respirer l’air du grand large.

Et c’est ainsi que cet interminable piétinement allait déboucher sur un extraordinaire triple saut qui allait révolutionner le football corse tout entier.
Le premier de ces sauts faisait entrer le Sporting dans le Championnat de France Amateur, le C.F.A.
C’était au début des années 60 et les adversaires s’appelaient Draguignan, Monaco, Annecy, La Voulte, Gueugnon, etc., puis le GFCA qui avait bien suivi l’exemple du Sporting. Se souvient-on qu’il y eut un jour à Furiani 8500 spectateurs payants pour le derby opposant le Sporting de Strappe au GFCA de Cahuzac?

Mais il fallait aller encore plus loin et accomplir le second saut qui ouvrait au Sporting le monde du professionnalisme à travers la Deuxième Division.
Il importait alors de renforcer le groupe d’amateurs presque tous insulaires formés sur place, et réussir l’amalgame entre les vertus du coeur et de l’amour du maillot avec les exigences et la rigueur professionnelle. Ferrier, ex-capitaine de l’équipe de France, débarquait à la tête d’une légion de joueurs chevronnés comprenant notamment Zénier, Boukhalfa, Sansonetti… Le cocktail devenait explosif et le Sporting en  » plein boum « , attirant de plus en plus de spectateurs, réussissait son extraordinaire et troisième saut qui le propulsait dans l’élite du Football national.

En une dizaine d’années il était passé de la Division d’honneur de la Ligue Corse à la première division nationale.

Premier bail avec la Division 1


De Septembre 1968 à Avril 1986, le Sporting a signé son premier bail avec l’élite du football français. Dix-huit saisons avec des hauts et des bas, mais surtout deux finales de coupe de France dont une gagnée et le fabuleux parcours en coupe UEFA. Ce premier épisode concerne la période jusqu’à la saison 72-73 avec une première participation à une coupe d’Europe.

C’est à Nice, début septembre 1968, que le SECB dispute son premier match en D1. Une rencontre historique donc, qui voit les Bastiais partager les points (2-2) avec leurs hôtes. L’entrée en matière est d’autant plus réussie, qu’une semaine plus tard le Sporting domine Strasbourg (2-1) à Furiani.

Cette saison 68-69 restera d’ailleurs comme l’une des plus belles dans l’histoire du club. L’attaque bastiaise ne compte plus Sansonetti dans ses rangs, mais figure quand même en définitive parmi les plus performantes du championnat. Serra (débarqué de Nice) et Mekloufi constituent une paire redoutable. Ils inscrivent à eux deux la moitié des cinquante buts portés cette année-là au crédit du SECB.
Rachid Mekloufi, ce fut le transfert surprise de cette intersaison. Annoncé au Servette de Genève, la vedette algérienne donne finalement son accord à Bastia, fin août. Composée en majeure partie de joueurs corses (Orsatti, Gandolfi, Camadini, Panisi, Vincenti, Vescovali, Papi, Franceschetti, Julliard, Padovani … ), la formation bastiaise bénéficie toujours de l’expérience et du talent intact de ses deux internationaux, Ferrier et Zenier, qui avaient pris une part prépondérante dans la montée en D1. Avec toujours aussi Lucien Jasseron à sa tête, le SECB réalise donc l’un de ses plus beaux parcours à ce niveau en terminant à la sixième place d’un championnat remporté pour la troisième année consécutive par l’A.S. Saint-Etienne.


La saison suivante (69-70) n’est malheureusement pas du même tonneau. Contrairement à la fois d’avant, le SECB rate complètement son départ. Les Bastiais enregistrent quatre sévères défaites (devant Lyon, Bordeaux et Nîmes) pour ne signer qu’une seule victoire (contre Sochaux) durant les cinq premières journées. L’affaire est bien mal engagée, et la nomination de Mekloufi au poste d’entraîneur-joueur n’y change pas grand-chose. Le Sporting termine l’exercice à la dix-septième et avant-dernière place. Le maintien passe désormais par les barrages.

Le SECB va sauver sa tête grâce notamment aux deux larges succès obtenus devant Avignon. Ajaccio, Valenciennes et Reims sont, eux, repêchés afin de porter le championnat à vingt clubs. L’arrivée d’Edmond Delfour en qualité d’entraîneur, charge qu’il partagera un temps avec Mekloufi, marque l’inter-saison 70-71.

Mais cela ne suffit pas à donner un nouvel élan à une équipe bastiaise pas du tout à l’aise à l’extérieur (à peine quatre points de pris), et trop irrégulière à domicile. Cela avant d’aligner sept victoires d’affilée à Furiani en fin de parcours. Un sursaut salvateur, puisqu’au bout du compte le SECB finit dix-septième – la première des places non-relégables – pour la deuxième année consécutive avec la plus mauvaise défense (83 buts encaissés) du championnat.
Entre temps, Jean Vincent avait pris la direction de l’équipe en remplacement de Delfour.


Après Rakic, les dirigeants bastiais recrutent deux autres Yougoslaves, Pantelic et Savkovic à l’orée de la saison 71-72. A ces renforts définitifs s’ajoute la venue de Felix, un attaquant de race. L’équipe est mieux équilibrée et plus performante dans toutes ses lignes où les Corses (Papi, Luccini, Tosi, Franceschetti … ) s’affirment. En cours de saison, jean Vincent passe la main à Pierre Cahuzac.
Celui qui a fait le GFCA va réussir dès ses premiers mois à Bastia.
Le SECB règne en maître sur sa pelouse. Il n’y concède qu’une seule défaite (devant Monaco) pour signer quelques gros scores, comme face à Sochaux (6-1). Ça lui vaut de bien figurer (9ème) à l’heure de la remise des prix, sans compter que cette nouvelle dynamique en championnat va contribuer à en faire un finaliste de la coupe de France !

Sur sa lancée le Sporting va passer la meilleure partie de la saison 72-73 en bonne compagnie. Il finit d’ailleurs et à nouveau l’exercice à la neuvième place, après s’être retiré invaincu à Furiani ! Cette année-là le voit aussi participer à une coupe d’Europe pour la première fois de son histoire.
Après avoir résisté à l’Atletico Madrid à Mezzavia (0-0), le SECB s’incline au retour sur la pelouse du stade Vincente Calderon (2-1), et est donc éliminé dès le premier tour de cette Coupe des Coupes 73.


De Septembre 1968 à Avril 1986, le Sporting a signé son premier bail avec l’élite du football français. Dix-huit saisons avec des hauts et des bas, mais surtout deux finales de coupe de France dont une gagnée et le fabuleux parcours en coupe UEFA. Deuxième partie de ce parcours avec deux années qui resteront à jamais gravées dans toutes les mémoires, 1978 et 1981.

Si on le retrouve dans la mauvaise moitié du tableau (15ème) au terme de la saison 73-74, le Sporting retrouve de ses couleurs perdues les années suivantes.
Sixième en 74-75 (mais aussi champion de France de 3° division), puis huitième en 75-76, on attend la suite en espérant une confirmation. On ne sera pas déçu…

La saison 76-77 laissera un souvenir impérissable. Le Sporting rivalise, quand il ne les domine pas, avec les meilleurs. La vitesse et la vivacité de Zimako, la puissance et l’opportunisme de Felix, l’intelligence de jeu et la vista de Papi, la somme de tout ça ajoutée au talent et à la classe de Dzajic, font de l’attaque bastiaise la plus performante du championnat (82 buts) !
Avec Petrovic, Orlanducci, Cazes, Luccini, Marchioni, Burkhardt… l’équipe repose aussi sur de solides bases derrière.
Mais cette année sera celle de Dzajic.
Presque décevant à ses débuts sous le maillot bleu, le Yougoslave va redevenir en quelques mois le joueur génial qui nous avait émerveillé un soir de match international à la télévision, peu avant de débarquer à Bastia.
S’il va accueillir encore bon nombre de grands du foothall dans ses rangs par la suite (Rep, Milla, Mlynarczyk, Risjbergen, Tarantini …), qu’on se souviendra longtemps de ces quelques autres venus d’ailleurs pour ce qu’ils ont fait de bien au club (Mekloufi, Ferrier, Zenier, Kanyan, Zimako, Pantelic, Heidkamp, Solsona, Broissart, Larios, Lacuesta, Drobnjak …), Dzajic occupe sans doute une place à part dans la mémoire collective.
Doté d’un pied gauche magique, véritable don de Dieu au service d’un sens du dribble hors du commun, le « Serpent de Belgrade » a enchanté toute une génération de supporters et rendu fous toute une génération de défenseurs ! On n’oubliera jamais ses numéros de soliste sur le côté, et la précision diabolique de ses coups de pied arrêtés. Entre autres chefs-d’oeuvre du maître : ce coup-franc exécuté face… au Libecciu un soir contre Saint-Etienne, même Platini n’en était pas revenu… Et bien sûr ce mémorable duel livré à son ami Pantelic, passé au PSG. Quatre, cinq, six, on ne sait plus trop au juste. Mais ce qui est certain, c’est que le dernier corner de cette incroyable série devait se loger dans la seconde lucarne, alors que pour la énième fois, le grand « Panto » était venu pour boxer le ballon devant la première ! Le Sporting finit sur le podium (3ème), son meilleur classement à ce jour à ce niveau, et se qualifie donc pour la coupe de l’UEFA. Une autre grande saison se prépare… L’épopée européenne (77-78) reste un monument dans l’histoire du football national. On ne s’y attardera pas ici, puisque tout vous est conté dans le détail par ailleurs. Il est certain que le parcours en coupe d’Europe et la dynamique qu’il entraîne, favorisent les desseins de l’équipe en championnat. S’il rate une seconde qualification UEFA, le SECB n’en termine pas moins à une excellente cinquième place derrière Monaco, Nantes, Strasbourg et l’OM. Les saisons suivantes sont bien moins faciles à vivre. Le SECB commence par rentrer dans le rang (14ème en 78-79), pour terminer juste aux limites (16ème) de la zone dangereuse l’année (79-80) d’après.
Le Sporting retrouve un rang (10ème) bien plus honorable, et surtout dispute la finale de la coupe de France à l’issue de la première saison de l’ère Redin. Arrivé de Nancy et précédé d’une belle réputation, Antoine Redin réussit donc au bout des premiers mois, un peu à la manière de Pierre Cahuzac. Vainqueurs du grand Saint-Etienne, les Bastiais s’ouvrent ainsi une nouvelle fois les portes de l’Europe.
Le SECB est éliminé par Tblisssi en 8ème de finale, après avoir éliminé Kotka au tour précédent. Il prend la 12ème place de ce championnat 81-82.
Comme durant les lendemains de la grande épopée de 78, le Sporting souffre la saison d’après (17ème en 82-83), remonte au classement (10ème en 83-84) et reperd à nouveau du terrain (14ème en 84-85) après un plutôt bon début de championnat.
Le suivant est en revanche complètement raté. Et pour cause…
Le stade de Furiani suspendu deux matches, le S.E.C.B. joue ses quatre premières rencontres à l’extérieur. Successivement battus par le PSG, Lens, Rennes et Nantes, les Bastiais s’inclinent aussi à Sochaux après avoir retrouvé leur pelouse et à peine repris goût à la victoire contre Toulon. Le bilan est donc largement négatif, et le SECB ne sera jamais plus en mesure de rattraper son lourd retard du début. Dernier de la classe 85-86, le Sporting est relégué en D2 après dix-huit saisons consécutives en D1.

La fabuleuse balade des bleus


Évoquer l’épopée européenne du Sporting aujourd’hui, c’est avant tout évoquer toute une série d’images plus belles les unes que les autres. Des images en bleu toutes cristallisées sur les mille et quelques minutes de bonheur connues par le club de septembre 1977 à mai 1978. C’est-à-dire de Furiani à Eindhoven, une balade merveilleuse qui mérite maints arrêts. Cette histoire vous sera contée en cinq épisodes, dont voici le premier.

La première halte sera pour rappeler une fin de saison. Celle de 76-77. Et le passage du témoin entre le club troisième du championnat, qui a causé des malheurs aux plus grands, et celui qui va se révéler quelques semaines plus tard à l’Europe du football.

La scène se déroule à Furiani dans ce qui tenait lieu de vestiaires sous l’ancienne tribune est. Dragan Dzajic, un brin de nuefa03bostalgie dans la voix, évoque avec Jacques Zimako, le prochain avenir de ce qui est encore le SECB, le E étant celui de l’Étoile voulu un jour par Victor Lorenzi pour un mariage presque contre nature avec le club de la place d’Armes. « Zimako face à Breitner, voilà qui va être à voir ». Ce n’était, bien sûr, qu’une boutade car Dzajic sur le départ ignorait que durant l’intersaison l’ailier kanake rejoindrait Saint-Étienne et que le Bayern de Munich et son défenseur maoïste ne croiseraient jamais la route du Sporting…

Une route, longue et belle, sur laquelle va cheminer un bon bout de temps un certain Andréas dit… Johnny Rep, Champion d’Europe avec l’Ajax d’Amsterdam et vice-champion du monde avec la sélection nationale des Pays-Bas. Il arrive en ce début de saison 77-78 en droite ligne de l’Espagne et de Valence et Jules Filippi, fin négociateur, déploie tellement d’arguments dans un restaurant situé à l’extérieur de la ville qu’il parvient à le convaincre d’endosser le maillot « bleu » sans avoir eu à lui faire découvrir… Furiani.

Furiani ? La vieille arène, qui s’est à peine transformée pour fréquenter l’Europe, constitue d’ailleurs un lieu de curiosité pour tous ceux qui y viennent pour la première fois.

Les Portugais du Sporting de Lisbonne ne dérogent pas à la règle.

Lorsqu’ils débarquent avec armes et bagages, sur ce qu’ils croient être le terrain… d’entraînement, ils affichent à l’image de Salif Keita, l’ancienne vedette stéphanoise et marseillaise, un sourire en coin qui traduit assez bien leur dédain pour le Petit Poucet corse. Même dédain en repartant. Certes, Félix, le Lucky Luke de Furiani-City, a frappé trois fois mais Jordao et Fraguito ont, de leur côté, eu raison de Petrovic à deux reprises.

Lisbonne, l’immense stade Alvalade, et ses 70 000 spectateurs, quinze jours plus tard. Personne, parmi la délégation insulaire et la centaine de supporters qui a effectué le déplacement, ne songe à la qualification. Pourtant le Sporting tient parfaitement la route. Jusqu’à dix-huit minutes de l’arrivée quand Fernandes assène le coup qui, pense-ton, met K.O. le SECB. Mais l’on ignore à ce moment qu’une grande équipe est en train de naître. Ou à tout le moins que l’on n’abat pas le bleu de Bastia aussi facilement. Les journalistes corses comme les autres.

Au Portugal, où l’on joue très tard, ils font leur « une » sans attendre le coup de sifflet final.  » Bastia, tête haute  » titrent-ils avant l’heure. Mais à quatre minutes de la fin il faut tout recommencer : Rep vient de passer par là. Et il faut encore tout reprendre cent vingt-secondes plus tard : cette fois c’est Félix, roi de ce début de Coupe d’Europe, qui fait trembler à son tour les filets adverses.

Dans les rédactions insulaires le souvenir de cette folle nuit européenne est toujours ancrée dans les mémoires mais sans doute moins que dans celle de ces fidèles supporters qui ont fait l’espace d’une soirée de Lisbonne, où le Sporting local a mis avec une certaine grogne un grand mouchoir sur ses ambitions, une première capitale conquise !


Après les trente-deuxièmes face au Sporting de Lisbonne, évoquons ce mois-ci les seizièmes de finale aller-retour face à Newcastle. Les bleus abordent ce tour très diminués car l’accumulation des matches commence à laisser des traces.

Retour au quotidien à Furiani.
Ogjan Petrovic, malade, met un terme à sa carrière. Yves Mariot, en délicatesse avec son tendon d’Achille, disparaît pour de longs mois. De quoi faire grimacer Pierre Cahuzac. Un homme qui a « fait » le GFCA et qui, dès son arrivée à Bastia, a mené le Sporting en finale de la Coupe de France, ne plie ni ne rompt. Il a pris l’habitude de faire avec ce qu’il a. Et il va faire avec. Sans se soucier de la carte de visite de ses joueurs.

Ainsi en va-t-il avec Dominique Vesir. Arrivé avec une flatteuse réputation de Saint-Étienne, il ne trouve pas grâce à ses yeux. Terrible, Cahuzac lui conseille même de changer de… métier en suivant de très près l’application mise par deux autres jeunes venus eux aussi du Forez dans le cadre du transfert de Zimako : Jean-François Larios et Félix Lacuesta au talent prometteur confirmé dès leur première apparition face aux Portugais.

Mais déjà Newcastle se profile à l’horizon. A Furiani, Cannel et les Anglais tirent les premiers. On redoute le pire pour le Sporting, mais à force de secouer le pommier adverse, Jean-Marie De Zerbi la surprise de Cahuzac, Félix, Rep, Guesdon et Orlanducci donnent l’occasion à Claude Papi et au SECB de signer, in extremis, leur troisième victoire consécutive en coupe d’Europe.

A Bastia on exulte. A travers toute l’île on se pince. Dans l’hexagone on doute. Match retour dans le nord de l’Angleterre. Le Sporting est encore plus décimé qu’à Furiani. Desvignes opéré d’un ménisque est hospitalisé. Franceschetti, en proie à des problèmes musculaires, est contraint au forfait. André Burkhard est victime d’une double fracture à une jambe. Mais Larios et Lacuesta sont là, De Zerbi est maintenu et Marc Weller confirmé à son poste de gardien. Titularisé aussi Didier Knayer. Sur le banc il y a encore Pierre Aussu, Dominique Murati, Joseph Graziani et Jean-Pierre Mattei.

Divine surprise au terme des quatre-vingt-dix minutes : cette formation que l’on avait présentée comme une équipe de troisième division améliorée réussit le superbe exploit d’être le premier ensemble français à triompher en Angleterre et De Zerbi et Rep, à deux reprises relayés par… Larios et Lacuesta, en sont les buteurs historiques.

Saint-James Park, qui dut attendre plus de vingt ans pour connaître la même mésaventure, en est tout retourné mais bien moins que les chaînes de télé nationale qui, absentes de cette nouvelle bataille d’Angleterre, se bornent à donner les images relatant pour la plupart la déroute des autres clubs français.
Qu’importe : l’avion qui ramène tout le monde à Poretta est attendu par 2 000 personnes.

 » Bastia peut envisager de gagner la coupe d’Europe  » affirme dans la nuit déjà fraîche de Newcastle Johnny Rep. Plus devin que Dragan, Johnny.
En tout cas, Cahuzac apprécie et même s’il clame haut et fort que ce succès constitue l’une des plus grandes joies de sa carrière, il tempère rapidement les ardeurs en rappelant que les miracles ne se produisent qu’une fois…


Cet épisode relate les huitièmes et quarts de finale face au Torino et Carl Zeiss Iéna, deux clubs habitués aux joutes européennes.

Gigi Radice et le Torino fort de Graziani, Pulici, Sala et quelques autres grands du « Calcio » partagent le même avis en prenant connaissance du tirage au sort. Un peu comme le Sporting de Lisbonne, au début de 1’épreuve, ils pensent que rien ne peut leur arriver face à tel adversaire.

D’autant qu’à Furiani Pulici fait rapidement parler la poudre et même si Papi et Rep en seconde période offrent un cinquième succès consécutif à l’équipe du président Paul Natali, la confiance des Italiens n’est pas ébranlée pour autant. Conscients de l’importance de ce but marqué à l’extérieur, ils ont toutes les raisons de croire à leur bonne étoile le 7 décembre au Stadio Communale.
Mais c’est sans compter encore avec ce diable de Pierre Cahuzac qui, confronté à l’accident dont est victime sur la route Félix et malgré la pléiade de néophytes déjà lancés au plus haut niveau, sort un nouvel extra-terrestre de son chapeau : Krimau. Deux syllabes qui donnent des cauchemars aux Italiens.
Face au « Torino » il agite ses gants rouges à deux reprises pour entrer dans la légende de la coupe d’Europe. Une page qui, sans doute, n’aurait jamais été écrite si, admonesté, Merry Abdelkrim dit « Krimau » n’avait donné suite aux imprécations de ses dirigeants qui lui ont longtemps fait le reproche de ne pas disposer d’un passeport.

Une situation, qui fut à deux doigts de lui valoir, en début de saison, un retour rapide au… Maroc.
Les dix mille supporters, qui ont affronté le froid de Turin et qui ne veulent croire qu’aux propos de Cahuzac estimant que Krimau a aussi des yeux derrière la… tête tant il voit et il sent le jeu, n’en ont cure. Ils sont venus de toutes parts. Par la route. Par les airs. Et par la mer. Et ils n’ont pas oublié. Surtout pas ceux qui, embarqués sur ce navire en panne, ont longtemps dérivé au retour entre l’Italie et la Corse avant de remettre le bon cap sur Bastia.
Mais dans l’euphorie de ce sixième succès, qui s’en soucie : n’était-ce pas Bastia-Bonheur ? Loué par toute la presse. Toutes les chaînes de télé. Les radios. RMC et Didier Beaune qui, plus tard, sera fait citoyen d’honneur de la ville pour avoir hurlé dans le micro toute la fougue mise par les partenaires de Charles Orlanducci et Paul Marchioni à faire du Stadio Communale une… annexe de Furiani. Six matches. Six victoires. En coupe d’Europe de l’UEFA il n’y a guère que le Borussia de Moenchengladbach qui a fait mieux. Mais le record ne va pas tarder à être égalé.

A Turin le triomphe du SECB a coïncidé, à cinq jours près, avec l’anniversaire d’Austerlitz. Le tirage au sort va, par un de ces raccourcis dont l’histoire a le secret, placer… Iena sur le chemin du Sporting. Tino Rossi, lien entre l’Empereur et Bastia, peut alors chanter  » Forza Bastia, forza Corsica, simu i più forti, si vincerà ».

Le Sporting va non seulement être le plus fort mais aussi vaincre son adversaire est-allemand avec un tel panache que plus rien ne peut l’empêcher de faire partie du carré d’as de l’épreuve. Pourtant Rep, suspendu, suit la rencontre des tribunes. Mais Mariot, Felix et Franceschetti sont revenus et Pierrick Hiard effectue ses débuts européens avec le Sporting.
Au terme de la soirée c’est un fabuleux 7 à 2 qui est offert à Furiani avec deux nouveaux buts de Felix, des buts de Larios, de Papi, de Mariot, de Cazes et de Franceschetti, impériaux. « Le Carl Zeiss Iena est une équipe de haut niveau » avait prévenu avant la rencontre Jules Filippi. On avait du mal à s’en persuader à Furiani.
Sur le stade champêtre de la capitale de l’optique, on va mieux apprécier la première impression du directeur sportif du Sporting. De fait, on souffre en RDA mais les deux buts de Papi et Krimau permettent au Sporting, battu pour la première fois dans l’épreuve (4 à 2) mais qualifié, de se hisser au niveau du PSV Eindhovein, de Barcelone et des Grasshopppers de Zurich !


Terme de ce fantastique parcours en coupe d’Europe, la demi-finale contre les Grasshoppers de Zurich et la finale contre le PSV Eindhoven qui, malheureusement, a fait couler beaucoup d’encre pour des raisons extra-sportives.

« Hop, get, zé, Hop, get, zé » répètent à l’infini les supporters des Sauterelles. « Forza Bastia », répliquent les 10 000 insulaires qui ont fait le déplacement en terre alémanique. Pour la première fois le Sporting commence son « tour » de Coupe d’Europe par un match à l’extérieur. Krimau n’en a cure. Passé le premier quart d’heure, il trouve la faille dans la défense adverse. La Corse exulte. Les Grasshoppers de Zurich reviennent au score puis dépassent le Sporting par l’intermédiaire de Ponte qui, quelques saisons plus tard, endossera le maillot bleu. Papi remet les pendules à l’heure et même si les Suisses sortent vainqueurs du débat, ils savent que le plus dur reste à faire. Mais pour beaucoup cette première demi-finale restera marquée par les larmes qui ont roulé sur les joues de Jean-François Larios quand, à l’Hôtel Atlantis lieu de résidence des Bastiais, il apprit qu’il ne ferait pas partie du onze corse de départ.
A Furiani, quinze jours plus tard, Jean-François est bien de la partie. Mais le héros de cette soirée du 12 avril 1978 est Claude Papi. C’est lui qui peu après l’heure de jeu frappe ce coup-franc, entré depuis dans l’histoire du club. C’est encore lui qui reprend le ballon mal renvoyé par les défenseurs helvétiques. C’est enfin lui qui fait sauter le verrou suisse. Sur le banc, image rare, Cahuzac et jules Filippi, heureux, tombent dans les bras l’un de l’autre. Le Sporting est en finale !

Mercredi 26 avril 1978. Il a plu et il pleut encore sur Furiani, où après une belle polémique comme la Corse sait en générer, le Sporting joue « sa » première finale face au PSV Eindhoven. On se pince pour se persuader qu’on ne rêve pas. En face il y a bien les jumeaux Van de Kerkhof, Van Beveren, Van der Kuylen. Mais les joueurs de Rijvers tremblent comme les autres en pénétrant sur ce qui ressemble bien plus à une piscine qu’à une pelouse. Mais l’espace de quatre vingt dix minutes l’aire de jeu bastiaise, entrée à jamais dans la légende, va trahir les siens. Sur la boue de Furiani, où le ballon a du mal à rebondir et où il n’obéit plus aux impulsions des joueurs, les attaques corses nombreuses et conséquentes s’enlisent à tout coup. Et quand les attaquants bleus, au prix de mille efforts, finissent par se frayer un chemin dans la surface de réparation, ils trouvent régulièrement devant eux l’immense Van Beveren. Pour la première fois depuis le mois de septembre 1977, l’attaque du Sporting demeure muette. 9 Mai à Eindhoven. Un pont aérien entre l’île et Amsterdam permet à toute la Corse d’assister au match retour. La veille Felix, déçu de ne pas faire partie du onze de départ, claque rageusement la porte du vestiaire où Cahuzac vient de faire part de son choix. Ce qui n’est qu’un incident, relaté par les envoyés spéciaux de la presse insulaire, se transforme auprès des supporters en empoignade qui bien sûr, foi d’observateur privilégié, n’a jamais eu lieu.

On oublie en fait que le Sporting, épuisé par une incessante série de rencontres de Coupe d’Europe, de coupe de France, de championnat et de rencontres de retard n’est plus que l’ombre de lui-même. Le rendez-vous au stade Philips d’Eindhoven le confirme.
C’est, en fait, le type même de la rencontre de trop, venant pour le SECB après l’étincelant et inutile assaut mené devant ces mêmes Hollandais contre lequel il a usé ses dernières forces quinze jours plus tôt.
Le miracle n’a pas lieu et même si Hiard permet d’entretenir un peu l’espoir, Willy Van de Kerkhof puis plus tard Dyckers et Van der Kuylen donnent au succès du PSV une ampleur démesurée.
Mais le « bleu » de Bastia rentre malgré tout dans l’histoire de la coupe d’Europe de l’UEFA. A l’heure de la distribution des lauriers, ce sont des joueurs au maillot bleu frappé de la tête de Maure qui reçoivent le trophée ! Le PSV Eindhoven, qui venait de troquer ses couleurs avec celles du Sporting, a inscrit ce soir là son nom au palmarès mais, quelque part, cette ultime image surgie du passé et à peine jaunie par le temps, prouve que cette Coupe fut aussi un peu la nôtre, celle du Sporting, celle de la Corse.


Le dernier épisode de l’épopée bastiaise de 1978 résume le parcours du Sporting dans cette coupe d’Europe en précisant les dates, arbitres, buteurs et la composition de l’équipe pour chaque match.

32° de finale :

14 septembre 1977
A Furiani, SECB – Sporting de Lisbonne : 3-2 (mi-temps 0-1). 6000 spectateurs.
Arbitre : Mr Muro (Espagne).
Buts : Felix (52e, 76e et 84e) pour le SECB – Jordao (40e sur pénalty) et Fraguito (58e) pour Lisbonne.
SECB : Petrovic – Cazes – Orlanducci – Guesdon – Burkhard – Lacuesta – Desvignes – Papi – Krimau (Larios) – Felix – Mariot.

29 septembre 1977
A Lisbonne, Sporting de Lisbonne – SECB : 1-2 (mi-temps 0-0). 60 000 spectateurs.
Arbitre : M. Dubach (Suisse).
Buts : Rep (86e) et Felix (88e) pour le SECB – Fernandes (72e) pour Lisbonne.
SECB : Petrovic – Cazes – Orlanducci – Guesdon – Burkhard (Marchioni) – Lacuesta (Larios) – Desvignes – Papi – Rep – Felix – Mariot.

16° de finale :

19 octobre 1997
A Furiani, SECB – Newcastle : 2-1 (mi-temps 0-1). 8 403 spectateurs.
Arbitre : M. Linmeyer (Autriche).
Buts : Papi (51 et 89e) pour le SECB – Cannel (8e) pour Newcastle.
SECB : Weller – Cazes – Orlanducci – Guesdon – Burkhard – Lacuesta – Desvignes (Franceschetti puis Larios) – Papi – Rep – Felix – De Zerbi.

2 novembre 1977
A Newcastle, SECB – Newcastle : 3-1 (mi-temps 2-1). 34 560 spectateurs.
Arbitre : M. Thime (Norvège).
Buts : Rep (10e et 67e) De Zerbi (33e) pour le SECB – Golling (36e) pour Newcastle.
SECB : Weller – Cazes – Knayer – Marchioni – Orlanducci – Lacuesta – Papi – Rep – Felix – De Zerbi – Larios. 

8° de finale :

23 novembre 1977
A Furiani, SECB – Torino : 2-1 (mi-temps 1-1). 9 743 spectateurs.
Arbitre : M. Aldinger (RDA).
Buts : Papi (37e) et Rep (62e) pour le SECB – Pulici (22e) pour Torino.
SECB : Weller – Cazes – Marchioni – Orlanducci – Guesdon – Larios – Lacuesta – Papi – Rep – Felix – De Zerbi.

7 décembre 1977
A Turin, SECB – Torino : 3-2 (mi-temps 1-1). 70 000 spectateurs.
Arbitre : M. Thomas (Pays de Galles).
Buts : Larios (20e) Krimau (5le et 65e) pour le SECB – Graziani (23e et 47e) pour Torino.
SECB : Weller – Cazes – Marchioni – Orlanducci – Guesdon – Larios – Lacuesta – Papi – Rep – Krimau – De Zerbi.

Quarts de finale :

1er mars 1978
A Furiani, SECB – Carl Zeiss lena : 7-2 (mi-temps 2-0). 12000 spectateurs.
Arbitre: M. Delcour (Belgique).
Buts : Larios (4e) Papi (42e) Mariot (57e) Felix (70e et 78e) Cazes (81e) Franceschetti (87e) pour le SECB – Rabb (61e et 73e) pour Iena.
SECB : Hiard – Marchioni – Orlanducci – Guesdon – Cazes – Lacuesta – Franceschetti – Papi – Larios – Krimau (Felix) – Mariot (De Zerbi).

15 mars 1978
A lena, Carl Zeiss lena – SECB : 4-2 (mi-temps 2-1). 15000 spectateurs.
Arbitre : M. Michelotti (Italie).
Buts : Rabb (20e) Lindemann (33e) Vogel (52e) Topffer (68e sur penalty) pour Iéna – Papi (26e) Krimau (64e) pour le SECB.
SECB : Weller – Marchioni – Orlanducci – Guesdon – Cazes – Franceschetti – Lacuesta – Papi – Larios – Krimau – Rep.

Demi-finale :

29 mars 1978
A Zurich, Grashoppers de Zurich – SECB : 3-2 (mi-temps 2-2). 30 000 spectateurs.
Arbitre : M. Carpenter (Irlande).
Buts : Hermann (2le) Ponte (3è sur penalty) Montendon (54e) pour Zurich – Krimau (18e) Papi (36e sur penalty) pour le SECB.
SECB : Hiard – Cazes – Orlanducci – Guesdon – Marchioni – Lacuesta – Papi – Krimau – Rep – Felix – Mariot (Larios).

12 Avril 1978
A Furiani, SECB – Grashoppers : 1-0 (mi-temps 0-0). 13000 spectateurs.
Arbitre : M. Partridge (Angleterre).
But : Papi (68e) pour le SECB.
SECB : Hiard – Marchioni – Orlanducci – Cazes – Burkhard – Lacuesta – Larios – Papi – Aussu (Felix) – Krimau – Mariot.

FINALE :

26 avril 1978
A Furiani, SECB – PSV Eindhoven : 0-0. 14000 spectateurs.
Arbitre : M. Maksimovic (Yougoslavie).
SECB : Hiard – Cazes – Orlanducci – Guesdon – Burkhard – Lacuesta (Felix) – Larios – Papi – Rep – Krimau – Mariot.

9 mai 1978
A Eindhoven, PSV Eindhoven – SECB : 3-0 (mi-temps 1-0). 27000 spectateurs.
Arbitre : M. Rainea (Roumanie).
Buts : Willy Van de Kerkhof (24è) Dyckers (65e) Van der Kuylen (67è) pour Eindhoven.
SECB : Hiard (Weller) – Marchioni – Orlanducci – Guesdon – Cazes – Lacuesta – Larios – Papi – Krimau – Rep – Mariot.

Huit saisons en D2


Après avoir été sur le podium de la longévité en première division, le SECB descend de son piédestal et rejoint le championnat de deuxième division. Pour les supporters, c’est un coup de massue dont ils se remettront assez vite : la motivation renaît avec la perspective enfiévrée d’une nouvelle accession. Pour les observateurs, la D2 c’est ce qu’on appelle communément le purgatoire. Dans le cas de Bastia, l’image illustre parfaitement ce passage de funambule sur un fil ténu où l’équilibre, d’une extrême fragilité, peut rompre à tout moment pour faire basculer vers le paradis ou l’enfer. Le Sporting va caresser le premier et plonger dans le second…

De la saison 85/86 à la saison 93/94, Bastia va naviguer dans les eaux troubles de la deuxième division avec, successivement, trois hommes à la barre : Roland Gransart le serein, René Exbrayat le combatif et Léonce Lavagne le téméraire. Dans une approche différente, ces capitaines aux tempéraments diamétralement opposés vont, chacun dans son style, préparer l’équipe bastiaise au renflouement vers les rives de l’élite.
Au fil des saisons, le navire corse va avoir le vent en poupe ou combler des voies d’eau. Ainsi, dès la première saison, le SECB flirte avec la remontée : 65 buts inscrits (mais 50 encaissés !) avec pour meilleur buteur du groupe, N’Gouette. Mais la cinquième place n’est pas suffisante, ni même la huitième, la cinquième et les deux sixièmes qui suivent. Les plus vifs regrets sont nourris lors de la saison 90/91 : le Sporting s’essouffle en fin de parcours et, après avoir longtemps mené le bal, rate l’accession dans la dernière ligne droite. Même en athlétisme, on a l’habitude de dire que la quatrième place est la plus frustrante.

Ce n’est qu’à la faveur de la huitième saison de « purgatoire » que Bastia, qui évolue dans la première poule unique de D2, parvient à ses fins et gravit enfin l’ultime marche qui mène à l’élite grâce à une remarquable troisième place, dans la roue de Nice et Rennes.
Dans les coulisses, les présidents se succèdent parfois à la vitesse des comètes. En laissant, comme traînes, des nébuleuses d’espoir ou de désillusion. Deux d’entre eux vont pourtant marquer l’histoire du club. Le premier est Jean-François Filippi. C’est sous sa direction que les ambitions sportives prennent vraiment corps et il va donner les impulsions nécessaires à un retour à l’élite.
Le deuxième, Pierre Fantoni, s’est singularisé sur le plan financier. Et son intervention avec la complicité de l’avocat maire de Valenciennes Me Borloo, va permettre d’un simple trait de plume d’effacer la dette endémique qui lestait dangereusement le club depuis deux décennies. Ces prémices des années 90 constituaient une première prise de conscience des difficultés de trésorerie au sein des clubs professionnels et une sérieuse menace de disparition pesait sur le stade de Furiani. Il aura fallu un dribble juridique dans un mouchoir (pompeusement appelé convention de dévolution) pour éponger plus de douze millions de francs lourds et sauver ainsi un club voué aux gémonies par le pouvoir du football français. Le SECB a vu s’évanouir son « Etoile » en même temps que ses créanciers.

Jules Renard écrivait que le bonheur, c’était un peu le silence du malheur. Le Sporting a distillé du bonheur par brassées de saisons. Mais il suffira d’une petite poignée de secondes pour installer dans un stade devenu mythique le silence et le malheur. La plaie du 5 mai 1992 ne se refermera jamais. Ce soir-là, l’excitation est à son comble. Bastia sort des brumes anonymes de la deuxième division pour recevoir un grand du championnat de France, l’Olympique de Marseille. La qualité de l’adversaire et la magie de la Coupe créent un engouement hors du commun et toute la Corse du football, embrasée par l’événement, ne veut pas rater une miette de la prestigieuse affiche.
Brutalement, le rêve s’effondre avec la tribune Nord érigée à la hâte pour satisfaire le plus grand nombre. Le bilan est horrible : dix-sept morts et plus de deux mille blessés. Le destin est d’autant plus cruel que sa faux frappe au moment où la joie était la plus intense, à quelques minutes du coup d’envoi.
Après avoir été la fierté de tout un Peuple, Furiani était devenu la honte du monde. On a tout dit de cette tragédie. La justice a situé les responsabilités. Mais les seuls murs du Palais ne suffiront jamais à circonscrire l’immense douleur des familles. On n’oubliera jamais cette nuit festive qui a sombré dans le fer, les larmes et le sang. Ce soir-là, le stade désarticulé renvoyait à lui seul l’image d’une Corse sous-développée au niveau de ses équipements et infrastructures. Comment avait-on pu, avec du recul, imaginer qu’un club qui évoluait depuis un quart de siècle dans l’univers du football professionnel pouvait continuer à se produire dans une enceinte sportive qu’une majorité de clubs étrangers auraient repoussé comme simple terrain d’entraînement !
L’orgueil du miracle permanent a fait long feu. Au delà des faits et méfaits du 5 mai, la responsabilité est collective. Si Bastia avait été doté d’un stade digne de son statut et de ses performances sportives, jamais cette nuit aurait été maudite. La prise de conscience est venue trop tard. Dans l’urgence de l’émoi et de l’indignation, les élus ont fait de grandes promesses. Le souvenir est toujours très présent mais les plus belles résolutions n’ont pas de mémoire. La preuve ? Onze ans après, la reconstruction de Furiani n’est pas terminée…

Au lendemain de la catastrophe, les supporters parmi lesquels des blessés en convalescence, vont se mobiliser pour que leur club ne soit pas rayé de la carte du football. La Corse a si peu de sujets sur lesquels elle peut épancher sa fierté !
Doucement, le site va renaître de ses cendres sous la houlette du District de Bastia qui devient propriétaire des installations. Sur le terrain, on fait bloc. On sait que l’on doit s’exiler, jouer à Ajaccio puis à Aix-en-Provence. Joueurs, supporters et encadrement consentent des sacrifices pour que le club renoue avec un semblant de vie. La foi et le courage de chacun auront raison d’une disparition programmée.
Le dimanche 4 avril 1993 est une autre date historique. Moins d’un an après la tragédie, le SCB retrouve le stade de Furiani dans la tenue du souvenir, celle du deuil. Sous les yeux de Noël Le Graët, président de la Ligue nationale de football, Bastia bat Nancy 3 buts à 0.
Le capitaine Antoine Di Fraya et les siens dédient ce retour gagnant « à tous ceux qui souffrent ». Après le coup de sifflet final, les joueurs effectuent un tour d’honneur sous les acclamations d’un public étriqué dans une enceinte provisoire.
Malgré un ciel presque aussi noir que le maillot qu’ils arborent, malgré cette atmosphère oppressante qui leste les poitrines d’une chape de plomb, malgré l’ombre de la tribune maudite engloutie dans les mémoires, malgré une minute de silence qui a noué les gorges et mouillé les regards, malgré les fleurs du souvenir éparpillées sur le terre-plein de la douleur, Furiani avait ressuscité. Le jour des Rameaux.
Un an plus tard, toujours face à Nancy, Bastia gagne et retrouve officiellement l’élite. Furiani avait reconquis un précieux privilège, celui de pouvoir à nouveau chavirer de bonheur..

Intertoto et UEFA 1997


Le destin qui ne lui avait pas souri en lui refusant la juste récompense « européenne » que méritait son beau parcours, le S.C.B. allait donc le forcer sur le front de la Coupe Intertoto. N’ayant pu accéder directement au wagon de l’U.E.F.A. par la voie du championnat (pour un tout petit point !) il allait en effet « rattraper le coup » en franchissant un à un les obstacles placés au travers de sa route, jusqu’à pouvoir ainsi monter dans le « train de la nostalgie »…

Une « campagne » Intertoto entamée donc en Croatie par un bel après-midi dominical de la fin juin. Et alors que les Bastiais, dont les vacances s’étaient vues de la sorte raccourcies, n’avaient ainsi que 4 jours d’entraînement « dans les jambes ». Sur le terrain de Radnicki (dans la banlieue de Zagreb) Siljak ouvre pourtant le score juste avant le repos… et il faut un exploit (le premier d’une longue liste) de Durand en fin de match, pour empêcher Dragovoljak d’égaliser sur penalty ! Le S.C.B. entame donc ce premier tour par poules, avec une victoire (1 -0).
Et d’une !
S’ensuit la venue de Silkeborg à Furiani où l’on n’oubliera pas de si tôt cette très rugueuse équipe danoise. Les Bastiais cèdent pourtant naïvement à la provocation et doivent finir à neuf (André expulsé en début de match et Rool en 2ème période). Fort heureusement, Siljak avait à nouveau trouvé la faille auparavant (1 -0).
Et de deux !
Coriace (mais plus correcte) se révèle également l’équipe galloise d’Ebbw Vale, auquel le S.C.B. doit ensuite rendre visite. Siljak, encore et toujours, concrétise toutefois la bonne première demi-heure de son équipe. Mais comme les locaux réduisent l’écart avant l’heure de jeu, c’est une difficile fin de match que doit vivre le S.C.B…. qui préserve malgré tout sa victoire (2-1).
Et de trois !

Sûr de sa qualification pour le 2ème tour avant même d’avoir à disputer le dernier match, le S.C.B. aborde donc celui-ci trop décontracté. Et à Furiani, les Autrichiens de Casino Graz s’imposent pour la forme (2-1 , but bastiais de Mendy) au terme d’un match décevant de la part des « bleus », et assez mouvementé là encore (9 cartons jaunes).
Les choses plus sérieuses sont appelées à débuter au 2ème tour puisque le S.C.B. se voit opposé au prestigieux H.S.V. Hambourg. Que l’équipe de Freddy Antonetti sait toutefois totalement neutraliser au match-aller en Allemagne, s’offrant même le luxe d’une victoire inattendue grâce à un coup-franc somptueux de Rool (1 -0). Et de quatre !
Au retour, les Germaniques démontrent toutefois qu’ils ne sont pas les premiers venus. Au terme d’un match plutôt crispant (expulsion de Jurietti) et sans but, le S.C.B. paraît pourtant en passe de se qualifier quand, à la dernière minute, c’est la stupeur, Hambourg marque ! Il faut ainsi avoir recours à des prolongations… durant lesquelles la délivrance viendra finalement du jeune Prince (1 – 1). Il ne reste plus alors qu’un obstacle à franchir et il est… Suédois.
Comme à Hambourg, le S.C.B. maîtrise bien son sujet à Halmstadt et c’est Prince qui, à peine entré en jeu, inscrit en tout début de la 2ème période, le but de la victoire.
Et de cinq !

Un résultat qui place évidemment l’équipe bastiaise en position de force dans l’optique de la qualification à l’U.E.F.A. Mais l’histoire se répète et comme les Allemands au tour précédent, les Suédois, habiles et robustes, rétablissent l’équilibre à Furiani. Re-belote les prolongations et… re-belote la délivrance qui vient d’un petit attaquant africain. Cette fois, c’est Ousman Soumah qui fait hurler le stade Armand Cesari de bonheur.. avant de lui faire retenir son souffle d’émotion. Le petit Guinéen ne se relève pas et on comprend rapidement que l’instant est grave. En marquant, il a violemment percuté le gardien adverse et s’est vilainement blessé. On saura plus tard qu’une tragédie a même été évitée pour quelques millimètres seulement : Ousman s’est fracturé une vertèbre cervicale et ne pourra plus rejouer avant longtemps.Un moindre mal cependant quand on sait qu’il aurait pu ne jamais se relever ! Sa blessure gâche en tout cas le plaisir du club d’avoir ainsi touché au but car le S.C.B., à la faveur de ce but, s’est donc ouvert toutes grandes les portes de la C 3… Il ne réalisera vraiment ce qui lui arrive qu’au travers du tirage au sort, trois jours plus tard.
Ce tirage au sort ayant désigné le Benfica de Lisbonne, le club bastiais va donc retrouver la capitale portugaise… très exactement vingt ans après y avoir réussi le premier exploit de sa fabuleuse épopée. C’était face au Sporting. Et, comme à l’époque, le S.C.B. doit disputer la première manche chez lui. Un match qui le voit terriblement crispé tout au long d’une première période durant laquelle Joao Pinto et ses camarades contrôlent la situation. Mais le sursaut bastiais est brutal après le repos. Soudain débarrassée de ses complexes, l’équipe de Freddy Antonetti se met à sérieusement bousculer son adversaire et c’est justice si, à 9 minutes de la fin, André inscrit le but de la victoire ! Rien n’est joué toutefois car une soirée difficile est promise au S.C.B. lors du match retour au gigantesque Stade de la Luz… Et le Benfica tient cette promesse, soumettant l’équipe bastiaise à un véritable pilonnage en première période. Mais Durand est en état de grâce et repousse toutes les tentatives. En 2ème période, Siljak, Gohel, Jestrovic et André sont tour à tour bien près, sur contres, de piéger l’équipe portugaise qui s’est toute entière portée à l’attaque. Une dernière tête de Joao Pinto échoue sur la transversale bastiaise et… c’est terminé : le S.C.B. fait bégayer l’histoire en se qualifiant à nouveau pour le 2ème tour de cette Coupe de l’U.E.EA.
Comme en 77 !

Le tirage désigne alors le Steaua Bucarest. Club prestigieux là encore mais qui ne s’est jamais qualifié face à un rival français et reste même sur un camouflet à Paris où le P.S.G., au tour préliminaire de la Ligue des Champions, lui a fait subir un terrible (5-0) alors que les Roumains avaient remporté l’aller sur tapis vert (3-0).
Cette fois, le S.C.B. doit disputer la première manche à l’extérieur. Et à Bucarest, il se débrouille très bien pendant une heure. Le Steaua est non seulement mis sous l’éteignoir, mais les Bastiais se procurent de plus de superbes occasions… Mais ils les gâchent toutes une à une ! Mal leur en a pris : l’énervement que génère cette situation crispante, se traduit de la pire des façons concernant Swierczewski, expulsé pour n’avoir pas su contrôler ses nerfs face aux provocations adverses. Un incident qui rallume la flamme du Steaua. A dix, le S.C.B. ne parvient pas à l’éteindre. Il encaisse un but et se retire battu (0-1) alors même qu’il avait largement les moyens de remporter cette rencontre et de prendre ainsi une option sur la qualification !
L’espoir n’est toutefois pas perdu, le S.C.B. se promettant de rectifier le tir sur sa pelouse. Et il aborde d’ailleurs le match avec une belle détermination pour se créer très vite trois ou quatre occasions à la faveur desquelles il aurait dû « tuer » le suspense et ficeler le paquet… Au contraire, sa finition encore une fois défaillante va lui coûter très cher. D’autant que les Roumains, eux, savent se montrer terriblement réalistes à l’image du jeune Munteanu qui, sur contres, trouve par deux fois la faille. Au repos, Furiani a la tête dans le sac… et son équipe avec lui car ses chances se trouvent réduites quasiment à néant. Qu’à cela ne tienne : perdu pour perdu, autant prendre maintenant tous les risques ! Le Sporting jette donc toutes ses forces dans la bataille et trouve rapidement récompense à sa généreuse débauche d’efforts : Prince réduit joliment l’écart puis égalise superbement. L’espoir renaît. Et quand Mendy ajoute un 3ème but à 13 minutes de la fin, le spectre d’une nouvelle élimination-humiliation se met à planer sur le Steaua. Qui, en tirant toutes les ficelles (même les plus grosses) de la provocation, de la déstabilisation adverse et même de la tricherie, parviendra toutefois à ne plus céder de terrain. Et se qualifiera alors même qu’il était donc très largement à la portée du S.C.B.
Une sortie de scène qui, pour très longtemps, laissera un goût bien amer… Dommage !
Mais parce qu’elle lui a redonné goût à l’Europe et lui a beaucoup appris, cette aventure porte en elle l’espoir d’un rapide retour du club bastiais à ce niveau.

La formation au Sporting


De Guy Roussel à Serge Delmas… Depuis plus de vingt ans, les dirigeants qui se sont succédés à la tête du Sporting ont compris que pour lutter avec les autres clubs de l’élite nationale, il leur fallait mettre l’accent, corse évidemment, sur la formation. La mise en oeuvre de cette politique n’a pas été constante ni même traduite dans les faits en matière d’infrastructures adéquates, mais chaque fois que des efforts ont été effectués dans ce sens, quelques belles pages du Sporting ont été ainsi écrites.

La première concerne la période de Guy Roussel de 1973 à 1976.
Un titre de champion de France de Division 3 allait venir récompenser son travail et celui de l’équipe dirigeante en 1975. Il est vrai que cette année-là, la réserve bastiaise avait fière allure avec les Vincent Lazzeri, Dumè Bastiani, Jean Louis Luccini, Paul Marchioni, Pierrot Falchetti, José Graziani, Alain Santucci, José Pasqualetti et autres… Merry Krimau.
Les conditions de travail de l’époque n’avaient rien à voir avec celles que nous connaissons aujourd’hui. Le petit terrain de la Marana, jouxtant Tahiti Plage accueillait ces jeunes footballeurs corses, d’une bien belle génération. Emile Daniel reprendra le flambeau mais c’est l’arrivée de Pierre Alonzo qui, en trois saisons, marquera les esprits. Le transfuge du PSG dont le talent sera ensuite reconnu avec Luis Fernandez à Cannes, au PSG puis maintenant à Bilbao, allait mettre la formation au goût du jour. Durant ces trois saisons, des joueurs insulaires et de l’INF de Vichy allaient enrichir les effectifs successifs du Sporting.
Main Fiard, Patrick Vernet, Pascal Mariini, Pierre Bianconi, Christian Bracconi, Pascal Olmeta, Tony Cervetti, Frédéric Antonetti et José Pastinelli, entr’autres, seront ainsi lancés dans le grand bain.
Le Centre de Formation sera même agréé avec la venue de Gaby Robert au VVF de Borgo. Des accords avaient été alors conclus pour l’hébergement des jeunes footballeurs. 1981, une année faste pour le Sporting qui ramenait un trophée prestigieux sur le sol insulaire, la Coupe de France. D’autres joueurs sortaient ensuite des rangs, autre génération de talent avec les Squaglia, Ottaviani, Padovani, Levenard, Pietronave et Testa, ayant germé. Les années qui allaient suivre, seront moins fastes puisqu’en 1986, le SCB chutait en D2. L’arrivée de Christian Villanova renouera avec l’impulsion formation, le club n’ayant plus les moyens de ses ambitions. Une période difficile pour des jeunes qui iront s’entraîner sur le terrain annexe de Lucciana, grâce au soutien de Jean François Filippi. Le centre sera, une nouvelle fois, agréé en 1986, offrant un hébergement mixte entre les aménagements de la tribune Est et de l’IGESA. Un premier pont était jeté, avec le centre de vacances et des classes à horaires aménagés débutant au Fango, avec l’accord de Paul Santelli, le proviseur.
L’année 89 marquera une autre étape puisque l’équipe réserve sera championne de France de D4 et accédera avec des joueurs comme Maroselli, Faye, Chiari, Valencony, Biancarelli… etc. Un centre de formation qui jouera pleinement son rôle après la catastrophe de Furiani, les jeunes apportant un peu de vigueur dans un effectif au recrutement limité en raison des circonstances.
Aujourd’hui, les jeunes du Sporting bénéficient de conditions de travail privilégiées par rapport à ceux qui les ont précédés.
Les dirigeants bastiais ont consenti des efforts importants et le partenariat avec l’IGESA s’est concrétisé avec la réalisation d’une plaine de jeu opérationnelle, ainsi que des infrastructures dignes de ce nom.
Après Frédéric Antonetti, Serge Delmas porte ainsi les espoirs, d’une politique tournée vers la jeunesse, même si les résultats ne sont pas immédiatement perceptibles. Former des joueurs, corses, mais aussi ceux venus d’autres horizons, telle est la mission du centre de formation du SCB. -Un rôle qui a de plus en plus d’importance dans le contexte inflationniste des salaires, les transferts étant devenus un luxe auquel le club bastiais et son petit budget ne peuvent pas toujours répondre…

La descente aux enfers

En 2005, le club est relégué en Ligue 2 suite à une défaite contre le RC Strasbourg . Cinq années plus tard, Bastia est sérieusement menacé de descente en National. Le SCB est officiellement relégué en National le 7 mai 2010, à la suite du match nul (0-0) face au Tours FC lors de la 37e journée de Ligue 2. Le 6 juillet 2010, le club se voit administrativement relégué en Championnat de France amateur par la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG). Le club possédait en effet un déficit de 1,2 million d’euros, qui a été comblé par des aides financières des collectivités locales (Collectivité territoriale de Corse, Conseil général de Haute-Corse).

Le 23 juillet 2010, le Conseil fédéral de la Fédération française de football a autorisé le SCB à évoluer en National pour la saison 2010-2011, comme l’avait demandé le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) après que la DNCG eut refusé, lors du passage en appel du club, de le réintégrer en National. Malgré cet épisode extra-sportif ayant perturbé la préparation d’avant-saison, le SC Bastia effectue un mercato intéressant, avec pas moins de six recrues. Du côté des départs, on note principalement les transferts de Florent Ghisolfi (Stade de Reims) et Christophe Gaffory (Vannes OC) ainsi que de Pierre-Yves André ayant décidé de mettre un terme à sa carrière.

Le Sporting, tel le phénix

Le 22 avril 2011, le Sporting Club de Bastia gagne officiellement sa place en Ligue 2 à l’issue d’un match contre Fréjus-Saint-Raphaël. Pas moins de 500 Bastiais avaient fait le déplacement. Le 7 mai 2011, le SC Bastia est sacré champion de National, suite à une victoire face à Créteil 2 buts à 1 qui concrétise sa domination, le SC Bastia finissant avec un score record de 91 points et invaincu à domicile sur l’ensemble du championnat. Le Sporting était mené à la mi-temps, mais David Suarez égalise et Idrissa Sylla permet aux lions de Furiani de prendre l’avantage à la 92e minute dans une ambiance de folie. À la fin du match, le stade Armand Cesari est envahi par les supporters bastiais, heureux de fêter avec leurs joueurs et leur entraineur, Fredéric Hantz, ce nouveau titre.

Le 1er mai 2012, le SCB remonte officiellement en Ligue 17. Et à quelques jours des commémorations du 5 mai, le SCB remonte parmi l’élite du football français et devient officiellement champion de Ligue 2 2011-2012 avec 71 points, 44 ans après son premier et seul titre de Ligue 2 depuis, avec sa victoire face à Metz au stade Armand-Cesari (à noter que le SC Bastia à battu son record d’affluence avec plus de 15 900 spectateurs). Le SC Bastia remporte son dernier match de la saison à domicile 2-1 face à Nantes Fc grâce à des buts de Rothen et Suarez. Le club est toujours invaincu depuis 2 ans à Furiani. Le SC Bastia fait partie du club très restreint des équipes invaincues à domicile en Europe. À noter que plusieurs joueurs disputaient leur dernier match contre Nantes sous les couleurs du Sporting, dont David Suarez et Jacques-Désiré Périatambée.

Le SC Bastia se retrouve 13e après la première partie du championnat de Ligue 1 2012-2013. Cette première partie de championnat mouvemente pour le club corse après un match a huit-clos contre l’OM et un match a "domicile" face a l’AS Nancy Lorraine mais a Gueugnon avec 22 points et la plus mauvaise défense du championnat de Ligue 1. Le 23 décembre 2012 le SCB recrute le 3e gardien de l’équipe de France Mickaël Landreau libre de tous contrats qui sera le cadeau de noël des supporters Bastiais. Le Sporting a réussi a marquer 12 buts en trois matchs (contre l’Olympique lyonnais , Valenciennes Football Club et le Stade brestois) exploit qu’ils n’avaient plus réalisé depuis 35 ans Championnat de France de D1 1977-1978 et même 4 buts trois matchs consécutifs (exploit réalisé pour la première fois par le SC Bastia en Ligue 1).





















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